2015 Conférence : « Je t’aime, moi non-plus », art contemporain et marché

Château de MONBAZILLAC
3 novembre 2015
Conférencier : Cédric Vilatte,consultant et médiateur culturel

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2015 Conf C Vilatte Marché de l'art

« Je t’aime, moi non-plus »

Ou les relations ambiguës de l’art contemporain et du marché

Des œuvres d’artistes vivants ont récemment été vendues à des prix exorbitants atteignant plusieurs dizaines de millions de dollars.
Ces prix dépassent ainsi la cote de la plupart des artistes historiques bien établis tels que René Magritte. De Jeff Koons à Damien Hirst, en passant par Peter Doig, Martin Kippenberger et Zeng Fanzhi, les œuvres d’art contemporain qui passent la barre des 10 millions de dollars en salle des vente sont en augmentation spectaculaire depuis 2014. 

De tels prix sont-ils justifiables? Les prix de ces œuvres sont-ils en rapport avec leur valeur esthétique? Qui décide de légitimer tel artiste plutôt qu’un autre? Ces stars de l’art contemporain sont-elles représentatives du reste de la production artistique contemporaine? Quel rapport existe-t-il entre le prix de ces œuvres et les logiques purement financières?

S’ils avaient le choix, les artistes disent qu’ils préféreraient ne pas mêler l’argent la création. Mais ont-ils vraiment le choix? L’art est-il vraiment une activité autonome (indépendante du reste de la société) comme on croit le savoir depuis la fin du 19 ème siècle?

Nous tenterons de décrire et de comprendre l’ambiguïté des liens qui unissent art contemporain et marché. Cédric Vilatte

Compte rendu de la conférence

Les ventes récentes de certaines œuvres ont mis en évidence des excès, des dérives qui ne représentent qu’un petit nombre des transactions et touchent une poignée d’artistes. Le plus grand nombre d’entre eux essaie de résoudre l’équation : comment vivre, assurer le quotidien, et rester libre de son travail de créateur ?

Cédric Villatte a abordé avec brio ce sujet ô combien délicat. Sa remontée dans l’histoire de l’art nous permet de découvrir… qu’il en a toujours été ainsi.

Historique des premiers « marchés d’art »

– Dès le Moyen-Age est établie une corporation d’artistes et artisans d’art avec des règles bien établies : apprentissage dans un atelier, compagnonnage et présentation d’un chef d’œuvre avant d’être validé par ses pairs et de pouvoir diriger un atelier. Parallèlement, des artistes apparaissent, protégés par le pouvoir politique et ecclésiastique en place.

– L’influence artistique italienne arrive en France et les Académies d’artistes se développent.

Quelques questionnements et réflexions

Les artistes ont toujours essayé de se libérer des codes et règles établis, mais est-ce positif pour eux ?

Une discussion a lieu autour de « l’artiste maudit » qui refuse tout commerce de son art mais… comment subsister sans argent ?
Pour rester libre dans sa création, il est nécessaire de bénéficier de revenus ou de soutiens (résidences, commandes publiques…).

Les marchés de l’Art Contemporain

Cédric Vilatte décrit les différents marchés de l’Art Contemporain, marchés où tout devient possible :

– dans les galeries ou événements (foires nationales et internationales) où les artistes sont validés et reconnus par des spécialistes et leurs pairs.

– dans les ventes aux enchères et marchés des gros investisseurs, plus ou moins qualifiés en art, misant sur des œuvres d’art au même titre qu’un placement boursier ou immobilier.

90% des achats et ventes d’œuvres d’art se passent entre galéristes et collectionneurs et aucune trace n’en subsiste. Seules sont connues les 10% de transactions dans les salles de ventes : elles font l’objet de publications ou sont médiatisées.

Les relations entre commerce et art restent très complexes et ce n’est pas parce que les marchés de l’art « font de l’argent » que l’artiste en sort gagnant…..

Conclusion

« L’art n’a pas de prix » mais nous sommes dans une société, un système marchand ! A l’artiste de gérer ce paradoxe qui n’est pas nouveau…

Restent aux amateurs d’Art Contemporain (dont les 80 personnes présentes ce mardi soir à Monbazillac, durant 2h de conférence/débats/discussions) à s’intéresser aux artistes, à leur démarche et à rester curieux. Tout un programme…

Eléments de réflexion…

Articles de presse :
Le Monde, 06/11/2015 : Un Picasso vendu pour 67,45 millions de dollars à New York Le Monde avec AFP
Huffington Post, 22/10/2015 : PHOTOS. Fiac 2015 : Comment les réseaux sociaux (et surtout Instagram) influencent le marché de l’art par Alexis Ferenczi
– Le Monde fr, 20/10/2015 : L’art contemporain prisonnier d’une oligarchie, par Edwin Juno-Delgado, enseignant-chercheur
Le Monde fr, 28/09/2015 : Peut-on critiquer l’interaction de l’art et du marché sans être qualifié de « réactionnaires » ?, par Aude de Kerros, graveur, peintre, essayiste
– Huffington Post, 23/10/2014 : PHOTOS. Fiac 2014 : le marché de l’art contemporain vu à travers le système Larry Gagosian par Alexis Ferenczi

 

Reportage audio
– France Culture, 22/05/2015 : L’art contemporain, un marché comme les autres ?

 

Et ces 2 extraits du « Journal d’un étudiant en histoire de l’Art », de Maxime Olivier Moutier (2015, Editions Marchands de feuilles, Montréal, Québec, Canada)

Cliquer pour lire les extraits (©Maxime Olivier Moutier).

 extrait 1 "Journal d'un étudiant en histoire de l'Art", Moutier           extrait 2 "Journal d'un étudiant en histoire de l'Art", Moutier

 

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